Lorsqu'on apprend une nouvelle langue, il est fréquent de garder l'accent de la langue précédemment parlée. Comme un manteau trop chaud qu'on ne peut pas retirer immédiatement. Quelques-uns tentent de s'en défaire. D'autres ne sont pas en mesure de le faire. Il y a également ceux qui décident de le conserver.

L’accent comme trace vivante
Un accent dit d’où l’on vient, parfois même avant de dire qui l’on est. Il parle à notre place. Il devance la conversation. Il suffit de quelques syllabes pour qu’on nous associe à une origine, une classe sociale, une région, un niveau d’étude, une migration, un stéréotype. Et c’est là que l’accent devient politique. Car toutes les façons de parler ne sont pas perçues de la même manière.

Parler avec un “bel accent”, c’est souvent parler avec celui de la norme, c'est-à-dire, un accent neutre, ou académique. Les autres accents, eux, sont souvent qualifiés de “fort”, voire “drôles”, jusqu’à ce qu’ils deviennent gênants, incompréhensibles ou moqués.

Vouloir le gommer, ou l’assumer
Nombreux sont ceux qui apprennent une langue étrangère et désirent perfectionner leur prononciation pour sembler plus local, se fondre dans le décor ou tout simplement être mieux compris. Et c'est une démarche justifiée : contrôler les sons, le tempo, la modulation de la voix, c'est se rapprocher de l'autre. Certaines personnes finissent par avoir honte de leur accent, surtout si celui-ci les enferme dans le préjugé du “on ne comprendra pas”. Et parfois, à force de gommer son accent, on perd aussi quelque chose de soi.

Une musique singulière
Mais il y a aussi une beauté à avoir un accent. L’accent, c’est une musique personnelle. C’est un lien invisible entre les langues, entre les pays, entre les versions de soi. Il n’y a pas une bonne manière de parler. L’accent est une preuve qu’on a appris, qu’on a osé et qu’on a déplacé son monde intérieur vers un autre. Alors si tu as un accent, quel qu’il soit, garde-le parce qu’au fond, il y a toujours un peu de beauté dans une voix qui cherche  une nouvelle manière de s’exprimer.